Les propriétés anticancéreuses
des molécules d’origine alimentaire

Plusieurs études épidémiologiques indiquent que la consommation abondante d’aliments d’origine végétale permet de diminuer les risques de cancer. Cet effet chimiopréventif est lié à la haute teneur de ces aliments en composés phytochimiques, tels que les polyphénols. Ceux-ci interfèrent avec plusieurs processus impliqués dans la progression du cancer, y compris la croissance des cellules tumorales, leur survie, leur propagation et angiogenèse.

Un aspect important de notre recherche consiste à caractériser le potentiel antitumoral et antiangiogénique de plusieurs molécules présentes naturellement dans les aliments de notre quotidien alimentaire. Jusqu’à présent, nos travaux ont permis d’identifier quatre grandes classes de molécules d’origine nutritionnelle qui possèdent un potentiel anticancéreux très élevé:

LES CATÉCHINES

DU THÉ VERT

LE SULFORAPHANE

DES CRUCIFÈRES COMME LE BROCOLI

L’ACIDE ÉLLAGIQUE

DES FRAISES ET FRAMBOISES

LES ANTHOCYANIDINES

DU BLEUET

ACTIVITÉ ANTICANCÉREUSE

Cependant, plusieurs résultats récents indiquent que, loin d’être restreints à ces aliments, plusieurs autres végétaux possèdent également une forte activité anticancéreuse. Par exemple, lorsque nous avons comparé le potentiel anticancéreux de plusieurs légumes couramment consommés au Québec, nous avons observé que les légumes de la famille Allium (ail, oignon, poireau) ou encore les légumes crucifères (chou-fleur, chou, etc.) interféraient fortement avec la croissance de cellules cancéreuses dérivées de plusieurs types de tumeurs. Dans la même veine, nous avons également observé que plusieurs petits fruits possédaient un très grand potentiel anticancéreux envers plusieurs lignées de cellules cancéreuses très agressives. Nous avons même observé que certaines molécules présentes en grandes quantités dans des aromates comme le persil ou encore le thym pouvaient également contribuer à la prévention du cancer en interférant avec le recrutement de cellules musculaires lisses essentielles à la stabilisation des nouveaux vaisseaux sanguins. Une activité anticancéreuse associée à des molécules abondantes dans plusieurs fruits et légumes, les flavonols, a également été observée. De plus, nous rapportons que la curcumine (le pigment principal du curcuma) inhibe la croissance tumorale et l’angiogenèse dans les xénogreffes de glioblastome.

PROPRIÉTÉS ANTI-INFLAMMATOIRES

Le lien entre l’inflammation chronique et le développement de certains cancers a aussi été exploré. Nous avons démontré que certains polyphénols inhibent l’angiogenèse tumorale ainsi que le processus d’invasion des cellules tumorales, deux processus induits par une cytokine pro-inflammatoire, IL-6. De plus, nous avons rapporté l’effet du lupéol (composé retrouvé dans les mangues, olives et figues), du resvératrol (composé retrouvé dans le vin rouge ainsi que dans les raisins et les mûres) et de la lutéoline (composé retrouvé dans le poivron vert, le persil, le céleri, le thym, le brocoli et le chou) sur les biomarqueurs de l’inflammation dans les tumeurs cérébrales.

EFFET PROTECTEUR

On sait depuis plusieurs années que le régime alimentaire des peuples vivant aux abords de la mer Méditerranée provoque de nombreux effets positifs sur la santé, notamment pour la prévention des maladies cardiovasculaires et de plusieurs types de cancer. Bien que les mécanismes moléculaires responsables de ces bénéfices demeurent encore incompris, plusieurs études suggèrent que l’utilisation systématique de l’huile d’olive dans l’alimentation de ces peuples joue un rôle prédominant dans cet effet protecteur. En plus de son contenu en acides gras mono-insaturés, l’huile d’olive se distingue également des autres huiles végétales par la présence de plusieurs composés phénoliques qui lui confèrent une forte activité antioxydante. Récemment, nous avons démontré que les polyphénols et acides gras retrouvés dans l’huile d’olive extra-vierge ont des propriétés antiangiogéniques.

Dans l’ensemble, ces résultats mettent en lumière les propriétés anticancéreuses des composés d’origine nutritionnelle et supportent, sans équivoque, le rôle prophylactique et thérapeutique important que peuvent jouer ces molécules.

4

AXES DE RECHERCHE